Les Prénoms Epicènes d'Amélie Nothomb
« La personne qui aime est toujours la plus forte. »
Pour la troisième année consécutive, j'ai commencé cette nouvelle rentrée littéraire avec le nouveau roman d'Amélie Nothomb.
Quand je l'ai refermé, les mots qui me venus immédiatement en tête ont été : brillant et jubilatoire.
Cette nouvelle histoire m'a tenue en haleine durant deux soirées seulement (ce qui est assez exceptionnel pour être souligné !). Certes, le livre ne contient que 162 pages et j'ai lu ici et là que certains passages auraient mérité d'être davantage développés. Peut-être, mais c'est ce qui fait l'originalité de cet auteur prolixe ; elle laisse à son lecteur la liberté d'imaginer beaucoup de choses tout en nous conduisant là où elle veut qu'on aille et ce en quelques phrases seulement. Et puis, ne dit-on pas que les histoires les plus courtes sont les meilleures ?
J'ai aussi lu à de nombreuses reprises que Les Prénoms Epicènes est le pendant du non moins remarquable Frappe Toi Le Coeur ; ce dernier traite des relations mère-fille alors qu'ici il y est question des relations père-fille. Je trouve cela très réducteur. Si effectivement, cela demeure le thème central du roman, il y est aussi question de colère, d'amour, de vengeance, de rancoeur, de jalousie, de force ...
Comme vous le voyez, malgré ses "petites" 162 pages, Les Prénoms Epicènes est un très grand roman que j'ai lu avec une délectation telle que je sais déjà que je le relirai un jour prochain pour le savourer à nouveau !
Quelques pépites :
* Il ne décolère pas.
Décolérer est ce verbe qui ne tolère que la négation. Vous ne lirez jamais que quelqu'un décolère. Pourquoi ? Parce que la colère est précieuse, qui protège du désespoir.
* En guise de réponse, un grand froid s'empara d'elle. Il existe un poisson nommé cœlacanthe qui a le pouvoir de s'éteindre pendant des années si son biotope devient trop hostile : il se laisse gagner par la mort en attendant les conditions de sa résurrection. Sans le savoir, Épicène recourut au stratagème du cœlacanthe. Elle commit ce suicide symbolique qui consiste à se mettre entre parenthèses. Ce meurtre invisible est beaucoup plus fréquent qu'on ne le croit. Comme on ne l’identifie pas pour ce qu'il est, on y voit en général un signe avant-coureur de l'adolescence.
* — Si ce n'était que cela ! Je l'aimais. Comment peut-on se remettre d'avoir autant aimé qui prétendait nous aimer ?
— Sois fière d'avoir aimé, maman. La personne qui aime est toujours la plus forte.